Comme traditionnellement à la fin mai, l’INSEE publie les comptes de la nation en 2024. Au sein de tous ces chiffres, ce sont les comptes des administrations publiques qui attirent une nouvelle fois l’attention. Déficits et dette toujours plus élevés, le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas fameux !
L’année 2024 marque un nouveau dérapage du déficit public qui s’établit à 168,6 milliards d’euros, soit un écart de 21,7 milliards avec le déficit prévu par la loi de finances pour 2024. En 2023, le trou dans la caisse s’était déjà élevé à 20 milliards d’euros.
C’est d’ailleurs au travers d’une formule tautologique dont nos statisticiens ont le secret qu’ils nous annoncent que les recettes étant « moins dynamiques que les dépenses, le déficit augmente ». Quelle surprise… Cela fait juste 51 ans que la France n’a pas voté un budget excédentaire ou au moins à l’équilibre.

Le PIB de la France en 2024 s’établit à 2.919,9 milliards d’euros, en croissance de 1,2% en volume (3,3% en valeur si l’on prend en compte l’inflation à 2,1%).

La dette publique, dont le montant avait été communiqué en mars, s’élève à 3.305,3 milliards d’euros en 2024. Mais depuis le 1er janvier, elle ne cesse de grimper (voir).
Partant, la dette par rapport au PIB passe à 113,2%, un bond de 3,4 points par rapport à 2023 (109,8%).

2023 et 2024, anni horribiles pour les finances publiques
Avec des déficits publics cumulés de 320,3 milliards sur deux ans seulement, les années 2023 et 2024 resteront des « année horribles » pour les finances publiques, sans doute les pires que la France ait connues, hors temps de crise.
Rappelons que les recettes nettes de l’État tournent autour de 310 milliards par an. Autrement dit, le déficit sur deux ans équivaut aux recettes annuelles de l’État ! Imaginons un ménage qui gagnerait 31.000 euros par an et qui « cramerait » 47.000 euros par an mais deux ans de suite… Cela ferait un trou de 32.000 euros ! C’est à peu près le comportement de l’État français qui vit largement au-dessus de ses moyens. Et cela fait des années que cela dure. On mesure l’ampleur du gouffre dans lequel les finances publiques sont en train de plonger lentement mais sûrement.
Une croissance en berne
Tout irait bien dans le meilleur des mondes si la croissance de l’économie était vigoureuse : ces déficits se résorberaient d’eux-mêmes progressivement. Mais la croissance française est atone et la prévision de 0,9% du gouvernement pour 2025 a déjà été revue à la baisse, à 0,7%. Et des instituts de prévision indépendants, comme l’OFCE ou Rexecode, ont une vision plus pessimiste et tablent sur une croissance à 0,5%. Ce qui semble en ligne avec le taux de croissance au premier trimestre 2025 annoncé par l’INSEE à (un maigre)… 0,1%.
Ralentissement du PIB, explosion des déficits publics, augmentation des intérêts de la dette, la Cour des Comptes a-t-elle raison de parler d’une « trajectoire hors de contrôle » des finances publiques ?